Rapport issu de la concertation dédiée à l'APPRENTISSAGE : un chef d'entreprise et deux alternants s'expriment sur les pistes de réforme

Cette entrée a été publiée dans 07/02/2018 par Geoffrey Lopez.

Le rapport pour le développement de l'apprentissage a été rendu le 29 janvier.

Le rapport pour le développement de l'apprentissage a été rendu le 29 janvier.

COMMUNIQUE DE PRESSE

Chauny, le 7 février 2018

La Compagnie du Bicarbonate, PME de l'Aisne qui a été primée l'année dernière aux Pépites de l'Apprentissage réagit aux propositions du groupe de travail :

Alternants de la Compagnie du Bicarbonate en 2018 : Océane Dosigian, Dimitri Royer et Geoffrey Lopez

Océane (à Gauche) et Dimitri (au centre) s'expriment sur les propositions du rapport.

En premier lieu, les alternants apportent les précisions suivantes :

Océane et Dimitri insistent sur la grande difficulté à trouver une entreprise d'accueil : il leur est souvent reproché leur manque d'expérience... on note d'ailleurs que seuls les apprentis ayant déjà fait des stages significatifs réussissent à décrocher une alternance... Les entreprises soulignent d'autre part que le coût d'un apprenti peut être rédhibitoire eu égard au fait qu'il n'est souvent en entreprise qu'à mi-temps, qu'il faut passer beaucoup de temps à le former. Quitte à intégrer des jeunes pas encore formés, les stagiaires sont nettement moins chers, sont à temps plein dans l'entreprise et la législation les concernant est moins contraignante.

Océane insiste sur le peu d'ouverture des entreprises à l'apprentissage d'une façon générale. Elle précise même qu'elle a rencontré davantage de difficulté à se faire entendre dans les structures publiques que dans des entreprises privées.

Dimitri explique qu'il a lui même dû choisir un BTS MUC (Management des unités commerciales) alors qu'il était plus attiré par le BTS NRC (Négociation Relation Clients) parce qu'il était visiblement plus facile de trouver une entreprise pour cette première formation.

Enfin, du coté des jeunes, l'apprentissage peut faire peur : trop de travail en cumul avec les cours, moins de vacances, peur de ne pas pouvoir se consacrer suffisamment à ses études et donc de ne pas les réussir.

Parmi les propositions présentées par le groupe de travail, certaines suscitent l'enthousiasme de nos jeunes alternants :

"stage passerelle" (n°9) : Océane souligne qu'il est difficile à 18 ans de savoir pour quoi on est fait, et qu'on le droit à l'erreur. Elle ajoute qu'il ne faut pas que cela se transforme en indécision perpétuelle. Elle souligne aussi que certaines entreprises ne se comportent pas bien vis-à-vis des apprentis et qu'il faut alors pouvoir en changer.

Aide personnalisée au transport et à l'hébergement (n°12) : lorsqu'un apprenti vit à un endroit A, que son centre de formation est à B et que son entreprise est à C et que les 3 sont distants de plus de quelques dizaines de km, cela devient ingérable...

Référent "handicap" (n°13) : les personnes handicapées doivent avoir leur place dans le dispositif apprentissage.

Rendre les entrées et sorties en apprentissage possibles en cours d'année (n°18): cela permettrait de rebondir plus efficacement en fluidifiant le recrutement des entreprises.

Une réunion mensuelle entre le directeur du CFA et les représentants des apprentis (n°16) permettrait un suivi plus efficace et éviterait les dérives

Imposer une certification type pour les maîtres d'apprentissage (n° 23) permettrait d'éviter certains profils qui existent malheureusement : les maîtres d'apprentissages "qui cherchent des larbins" (dixit les apprentis !).

Permettre des périodes dédiées au travail personnel (n°28) permettrait en effet de réduire le stress.

Fonder la rémunération sur le niveau de diplôme (n°29) est intéressant mais le critère de l'âge ne devrait pas être abandonné car on a davantage de besoins matériels à 20 ans lorsqu'on a quitté le domicile qu'à 16...

Elargir aux apprentis l'éligibilité à la prime d'activité (n°30) paraît juste et équitable

La revalorisation de la grille de rémunération (n°32) paraît évidemment séduisante mais attention car tout ce qui augmentera le coût pour les entreprises rendra l'intégration d'une entreprise plus difficile encore, préviennent Dimitri et Océane

Préparer les apprentis qui le souhaitent à la création d'entreprise (n°38) est une excellente idée mais il faut veiller à ce que cela ne se traduise pas par la création d'un concurrent local au maître d'apprentissage, ce qui le rendrait encore plus réticent à prendre un(e) apprenti(e) !

D'autres propositions suscitent davantage d'interrogations, voire même de réticences :

les propositions n° 16 et 17 ne devraient pas être retenues car elles reviennent à abaisser le niveau de protection des mineurs et constituent un recul dangereux sur la protection des enfants au travail.

Supprimer la limite d'âge supérieure (n° 19) serait une aberration car elle dénaturerait complètement le principe de base de l'apprentissage qui doit rester une porte d'entrée dans la vie professionnelle. Il existe d'autres dispositifs de reconversion et de ré-orientation professionnelle pour les adultes. Créer une concurrence entre des adultes déjà bien intégrés dans la vie active et des jeunes en devenir serait injuste.

Nicolas Palangié, Directeur de la Compagnie du Bicarbonate

Nicolas Palangié, Fondateur de l'entreprise en 2010, a très tôt misé sur l'apprentissage.

Enfin, en ce qui concerne le chef de l'entreprise, il souligne les points suivants :

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le coût de l'alternance pour l'entreprise n'est pas réduit par rapport à un salarié classique, eu égard au fait que le jeune n'est plus ou moins qu'à mi-temps dans l'entreprise, que son emploi du temps est souvent difficilement compatible avec le rythme de l'entreprise et qu'il faut effectivement passer beaucoup de temps à le former. Par conséquent, tout ce qui augmentera le coût d'un apprenti pour l'entreprise se traduira inexorablement par un recul de l'apprentissage.

Risquer une dégradation des conditions de travail des mineurs en leur imposant des normes professionnelles d'adultes en termes d'amplitudes horaires constituerait un recul social sans précédent... il vaut mieux diminuer le coût de l'apprenti mineur pour pallier cet inconvénient.

Aider l'apprenti à se déplacer et à se loger est un besoin fondamental car il est évidemment très difficile de se procurer une voiture et de louer un appartement lorsqu'on est jeune. Le principe de conditionner ces aides aux ressources est néanmoins dangereux car il revient à priver les jeunes dont les parents ont des revenus plus élevés de l'autonomie qu'ils sont en droit d'attendre de l'apprentissage.

Enfin, toutes les propositions permettant de mieux valider régulièrement l'adéquation du contenu des formations avec les besoins réels des entreprises ne peut qu'aller dans le bon sens...

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