Comment est fabriqué le savon de Marseille ?

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Le savon de Marseille est bien plus qu’un savon, c’est un symbole du savoir-faire français, apprécié dans le monde entier. Il porte en lui les valeurs de l’artisanat, des produits « vrais » et sans ajout de substances toxiques. Le savon de Marseille a été délaissé un moment au profit des gels douche du commerce aux senteurs chimiques. Il prend sa revanche et fait aujourd’hui son grand retour, avec l’engouement des produits naturels.

Les consommateurs reviennent aux fondamentaux dans tous les domaines. Mais face aux contrefaçons grandement répandues, il est parfois difficile de savoir ce que vous achetez vraiment. Alors, quels secrets se cachent derrière ce savon ? Comment reconnaître un authentique savon de Marseille et quelles sont les étapes de sa fabrication ? Quel est le rôle de la soude et d’où vient-elle ? On vous dit tout !

Comment reconnaître un vrai savon de Marseille

Si vous avez la chance de vous promener sur les marchés du sud de la France, vous savez combien l’offre de produits soi-disant artisanaux y est abondante.

Des couteaux du Pakistan aux herbes de Provence de Pologne, en passant par les tissus provençaux de Chine, les tromperies sur la marchandise sont partout. Pour le savon de Marseille, même combat, il peut parfois être compliqué de différencier le vrai du faux. La majeure partie de la production mondiale est maintenant basée en Turquie ainsi qu’en Chine.

4 ingrédients, et pas un de plus

On peut dire que le chiffre 4 est symbolique pour le savon de Marseille. Aujourd’hui, seules 4 marques fabriquent l’authentique savon de Marseille, et disposent du logo dispensé par l’Union des Professionnels du Savon de Marseille (UPSM).

Sa recette unique est établie à partir de 4 ingrédients seulement. Exit les colorants, solvants ou autres conservateurs, vous ne trouverez dans le véritable savon de Marseille que :

  • de l’eau, utile durant toutes les étapes de la production, jusqu’au dernier lavage
  • un corps gras d’origine végétale (de l’huile d’olive ou de coprah, à hauteur de 72 % au minimum)
  • du sel marin, qui permettra de purifier le savon en le débarrassant de l’excès de soude et des éventuelles impuretés
  • de la soude (l’ingrédient qui déclenche la saponification).

Comme on le dit souvent, les meilleures choses sont les plus simples ! Si vous croisez des savons aux couleurs éclatantes, vous faites face à des articles contenant des colorants et/ou une autre huile majoritaire que l’olive. Le vrai savon a une teinte verte plus ou moins prononcée en fonction de l’huile, et l’odeur particulière, brute et corsée.

Zoom sur la texture du savon de Marseille

Le savon de Marseille, une texture des plus surprenantes !

La quête d'un label

En dehors du logo de l’UPSM, aucune demande de label officiel n’a encore vu le jour. Pas de chance, l’Indication Géographique Protégée, par exemple, est pour le moment réservée uniquement aux produits alimentaires et au vin.

Pourtant, la réglementation sur la recette et la méthode de fabrication du savon de Marseille date de la Renaissance. À l’époque, c’est Louis XIV qui fixe un cadre, avec l’édit de Colbert en 1688. Il souhaitait garantir au consommateur la provenance des ingrédients et le savoir-faire de la Provence, un précurseur donc ! Cet édit prohibe notamment l’utilisation de graisses animales, et tout autre mode de cuisson que le chaudron.


Les étapes de fabrication du savon de Marseille

La recette du savon de Marseille en garantit son authenticité. Avec sa composition brute, ce produit polyvalent de soin du corps et de la maison ne vous apporte que des bienfaits. Pour le fabriquer, l’édit de Colbert précise que la méthode doit être réalisée en 5 étapes. Nommée le procédé « Marseillais », elle s’écoule sur un cycle qui dure environ 10 jours.

1 — L’empâtage

Cette première phase est celle de la transformation des huiles végétales en savon. Appelée saponification, on charge progressivement les huiles en augmentant au fur et à mesure la chaleur. La soude effectue alors son travail dans le chaudron et l’émulsion prend vie, c’est véritablement de la magie !

2 — Le relargage

C’est avec de l’eau chargée en sel marin que l’on débarrasse le savon de l’excès de glycérine et de soude. On rince alors la pâte de savon plusieurs fois avec ce mélange, qui entraîne les éléments indésirables par le fond.

Pourquoi de l’eau salée ? Parce que la présence de sel dans l’eau permet au savon de Marseille de ne pas se dissoudre. Le résidu de glycérine à l’issue de cette étape est réduit à environ 1 %. Les savons qui imitent de loin la recette ont un taux de glycérine beaucoup plus élevé. Elle n’est pas dangereuse, mais les canalisations de votre machine à laver s’en passe très bien !

3 — La cuisson

Arrivée à cette étape, la pâte de savon part pour une cuisson de 8 à 10 jours à environ 120°C. Elle est portée à ébullition le jour et passe au repos durant la nuit. La saponification est alors complète après la transformation des dernières traces de corps gras en savon.

4 — Le lavage

Plusieurs lavages, à l’eau claire cette fois, permettent d’aboutir à un savon « extra pur ». Comme l’affinage d’un bon fromage, on ne garde que le meilleur et les dernières impuretés sont désormais éliminées.

5 — La liquidation

Cette étape consiste à réaliser un dernier lavage à l’eau pure. Le savon arrive à ce moment-là à son état final, en passant d’une texture cristalline à un aspect soyeux et lisse.

L’ensemble de ces étapes se regroupent sous le terme « la cuite », et s’effectuent sous le contrôle permanent du maître savonnier.

6 — Les autres étapes

Après « la cuite », d’autres étapes sont nécessaires pour atteindre le célèbre savon de Marseille sous la forme qu’on lui connaît. On ne s’improvise pas fabricant de savon de Marseille ! Certaines étapes diffèrent toutefois d’un maître savonnier à un autre.

Le processus passe parfois par un temps de repos, dans le but d’extraire un maximum l’humidité présente dans la pâte de savon. Vient ensuite la coulée dans des moules très grands appelés des « mises ». Le savon part alors pour 48 heures de séchage sous le mistral méditerranéen. Certains fabricants passent par le façonnage de morceaux, les bondillons, pour un séchage plus rapide et homogène.

Enfin, l’ultime étape du découpage arrive, pour lui donner la forme et la masse que l’on souhaite. La coupe est mécanisée à l’aide de couteaux tirés par des treuils. Les blocs de savon sont estampillés du fameux logo « savon de Marseille » et « 72 % » pour sa concentration en huile d’olive. Ils sont finalement conditionnés pour être expédiés. D’autres moules existent pour quelques fantaisies que vous pouvez trouver chez les fabricants.

Des savons de Marseille

Un petit aperçu final du savon de Marseille


Zoom sur la soude

La soude, alias l’hydroxyde de sodium, est l’élément déclencheur de la saponification. Mélangée aux acides gras, la soude sépare la glycérine du savon, c’est ce que l’on appelle la saponification à froid.

Le super pouvoir de la soude réside dans sa capacité à émulsionner les matières grasses (ici, les huiles), sans entraîner leur destruction. Elle doit ainsi être la plus pure possible pour un résultat à la hauteur de vos attentes.

On peut obtenir de la soude avec différentes techniques. Celle qui a révolutionné la physique reste la méthode Solvay.

Qu’est-ce que la méthode Solvay ?

Cette méthode prend le nom de son inventeur, Ernest Solvay, et simplifie un processus précédemment imaginé par Nicolas Leblanc (1791). Nous sommes alors en 1860, Ernest tente d’utiliser de l’eau salée pour récupérer l'ammoniac des eaux de lavage du gaz. Il se retrouve à ce moment-là avec un dépôt blanc, c’est le bicarbonate de soude. C’est la première fois que l’on obtient ce résultat sans manier de combustible, c’est donc bien plus économique.

Le bicarbonate de soude peut alors être transformé très facilement pour récolter de la soude pure. Après le chimiste et son procédé inédit, Solvay s’impose à présent comme un grand groupe, présent dans environ 50 pays.

À quoi sert la soude ?

Encore aujourd’hui, de nombreux acteurs de l’industrie ont recours à la soude pour :

  • la fabrication du verre ou de l’aluminium ;
  • la conception de détergents comme le savon ou la lessive ;
  • la purification chimique (il neutralise les acides) ;
  • le blanchiment du papier ;
  • le secteur textile ;
  • etc.

Depuis l’antiquité, la soude entre en jeu dans la fabrication du verre. Comment faisaient-ils à cette époque ? En Égypte, le carbonate de sodium est obtenu dans les gisements naturels de natron ou via des plantes du bord de mer.


Anecdotes sur le savon

Parce qu’on sait que vous êtes friands des petites histoires et anecdotes, voici quelques récits pour briller en société.

C’est sous la pluie qu’une femme romaine aurait découvert les prémices du savon. Lorsque l’eau est venue se mélanger avec de la cendre et de la graisse. Il est utilisé depuis le deuxième siècle pour la toilette.

Lorsque Louis XIV a popularisé le savon, c’était avant tout pour nettoyer le linge. Le peuple a peur de l’eau à cette époque, accusée de véhiculer les maladies graves telles que la peste. Le souverain a d’ailleurs la réputation de n’avoir pris qu’un seul bain dans sa vie !

Dans les années 50, les chirurgiens emploient encore le savon de Marseille avant d’entrer au bloc pour se laver et désinfecter les mains.

Avec ses mille et une vertus, usez et abusez du savon de Marseille ! Votre peau vous dira merci. N’hésitez pas à découvrir également la version liquide de cet incontournable de la région.

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